« Profite mon Gérard, profite des jours qui te restent à tirer ici-bas. Cramponne tous tes kilos à l’aiguille des secondes, cesse d’être pressé, de penser au futur proche ou antérieur et bloque le pilote automatique sur « maintenant ». Ne ricane pas bêtement Gérard et prête attention. Kiffe maintenant car une fois l’arme à gauche ç’en sera terminé de Liberté, de vos virées sur ta bécane brinquebalante, toi à l’avant rugissant de plaisir et elle, amante échevelée les ongles plantés dans ton manteau de cuir. Car à peine mis en bière ils te panthéoniseront, te passeront à la javel du consensuel. Feront de toi un Coluche sans les restos, une icône bobo à la gueule de populo.

De qui je parle ? Mais d’eux voyons. De ces gominés de la pensée, tapis de course de midi à deux et dîners avec le tout-Paris dès que l’occasion fait le larron. Vedettes de poche tout contents d’appartenir à la caste suprême, morgue en eau de Cologne et vérité au bout du prompteur. Parité oblige, tu seras aussi récupéré par les pimbêches dictant le vivre-ensemble depuis leur tour d’argent, toutes abonnées aux injonctions de réseaux sociaux pour vomir les affreux, les sales et les méchants dans ton genre. Ils comme elles oublieront aussi vite qu’ils t’ont moqué toutes ces décennies, qu’ils ont fait de ton nom un synonyme honteux, une périphrase crasse. Tu étais la représentation de ceux qui votent mal, pensent bête, rotent, et pas seulement à table. Ils t’ont traité de chancre, de vil, de père absent, t’ont attribué tous les maux de tes enfants. Peut-être la seule pique qui a fait mouche. Qu’en savaient-ils, eux, de la douleur de perdre un fils ? Jamais tu ne pourras oublier ces calomnies, jamais ! Tes futurs amis n’auront pas ce souci. D’ici peu, terminé Depardieu l’outrancier qu’on tourne en ridicule pour se donner le beau rôle. Gauchistes de salon, libertaires biens nés et libéraux au cœur dur dans un même bal des faux culs pour t’acclamer, te sanctifier par la grâce de l’instant T. Ah, tu rigoles moins maintenant ! Leurs railleries rangées dans un coin de déni, ils t’ordonneront légende française avec autant de majuscules que le clavier de leur smartphone le permet….« 

8 novembre 2018

No responses yet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *